dimanche 22 septembre 2019

Italie : La mort d'Enrico Mattei patron d'ENI


En 1945, le Comité de libération nationale, nomme Enrico Mattei à la tête de l’Azienda Generale Italiana Petroli (Agip), la compagnie pétrolière nationale créée par les fascistes, avec comme instruction de la solder dès que possible. Mattei a en fait travaillé dur pour restructurer la compagnie et la transformer en l’un des atouts économiques les plus importants de la nation.
L’Agip menée par Mattei a obtenu est une concessions exclusive pour la prospection de gaz et de pétrole sur le territoire national et a été en mesure de maintenir des profits
En 1953, une loi a créé l’ENI (Ente Nazionale Idrocarburi), dans laquelle l’Agip a été fusionnée. Mattei en a d’abord été le président puis l’administrateur et le directeur général. De facto, Mattei était le patron de l’ENI.

Enrico Mattei a fait d’ENI une compagnie puissante, à tel point que les Italiens l'ont qualifié d’«État dans l’État ». 

Vers le marché international du pétrole
L’attention de Mattei s’est tournée par la suite vers le marché international du pétrole. Pour briser l’oligopole des Sept Sœurs (une formule qu’il a inventé pour faire référence aux compagnies pétrolières dominantes du milieu du xxe siècle), Mattei a initié des accords avec les pays les plus pauvres du Moyen-Orient et les pays du Bloc de l’Est. Mattei s’est rendu en 1959 à Moscou, où il a négocié un accord d’importation de pétrole avec l’Union soviétique en pleine Guerre froide, malgré les protestations de l’OTAN et des États-Unis. Il a également publiquement soutenu des mouvements indépendantistes contre les pouvoirs coloniaux, ce qui a permis à l’ENI de tirer parti de la rancœur contre les anciennes puissances colonisatrices dans des pays nouvellement indépendants comme l’Algérie. À ses détracteurs qui l’accusaient de faire le jeu des communistes et de rendre l’Italie dépendante des exportations soviétiques, Mattei a répondu qu’il achetait aux fournisseurs proposant les meilleurs prix.

Mattei a conclu des accords avec la Tunisie et le Maroc, à qui il a offert un partenariat à 50/50 pour l’extraction du pétrole, très différent des formes de concession normalement proposées par les grandes compagnies pétrolières. À l’Iran et à l’Égypte, il a proposé en plus que les investissements risqués de la prospection seraient entièrement à la charge d’ENI. S’il n’y avait pas de pétrole découvert, le pays n’aurait pas à débourser un dollar. En 1957, ENI était déjà en compétition avec des géants comme Esso ou Shell, et finançait les nationalistes algériens contre l’État français dans la guerre d’Algérie.
En 1960, après avoir conclu un accord avec l’Union soviétique et pendant qu’il négociait avec la Chine populaire, Mattei a publiquement déclaré que le monopole américain était terminé. Les réactions ont d’abord été conciliantes et ENI a été invitée à prendre part au partage des zones de prospection dans le Sahara. Cependant, Mattei a fait de l’indépendance de l’Algérie une condition de son acceptation, faute de quoi il n’y aurait pas d’accord. La conséquence de sa position est qu’il a été considéré comme une cible par l’organisation terroriste d’extrême-droite OAS, opposée à l’indépendance de l’Algérie, qui a commencé à lui adresser des menaces explicites.


L’accident mortel et les enquêtes 
Le 27 octobre 1962, lors d’un vol de Catane, en Sicile, vers l’aéroport de Milan-Linate, l’avion de Mattei, un Morane-Saulnier MS.760 Paris, s’est écrasé dans les environs du petit village de Bascapè en Lombardie, pendant une tempête. Les trois hommes à bord ont été tués : Mattei, son pilote Irnerio Bertuzzi, et le journaliste américain de Time-Life William McHale.
Le ministère de la Défense italien, dirigé alors par Giulio Andreotti, a eu la responsabilité de mener l’enquête sur cet accident.

Durant son mandat controversé à la tête d’ENI, Mattei s’est fait de nombreux ennemis. Le Conseil de sécurité nationale des États-Unis le décrivait comme un obstacle irritant dans un rapport classifié de 1958. Les autorités françaises ne lui pardonnaient pas d’avoir été en affaire avec le mouvement indépendantiste algérien. La responsabilité de sa mort a été tantôt attribuée à la CIA, à l’OAS ou à la mafia sicilienne. Ne faisant pas confiance aux services secrets italiens, quand bien même nombre de ses partisans en étaient membres, Mattei a constitué une sorte de garde de protection personnelle formée d’anciens combattants de la Résistance.

Selon Philippe Thyraud de Vosjoli, un ancien agent du SDECE (ancêtre de la DGSE), les services secrets français étaient responsables de l’accident d’avion. ENI aurait été sur le point de supplanter les intérêts pétroliers français en Algérie. Un agent du SDECE aurait piégé l’avion de Mattei.
Tommaso Buscetta, un important repenti de Cosa Nostra, a déclaré que la mafia sicilienne a été impliquée dans l’assassinat de Mattei. Selon Buscetta, Mattei a été tué à la demande de la Cosa Nostra américaine, car sa politique causait du tort à d’importants intérêts américains au Moyen-Orient. De Mauro aurait donc été tué car il aurait été sur le point de découvrir cette vérité. Gaetano Ianni, un autre repenti, a déclaré qu’un accord spécial avait été conclu entre Cosa Nostra et « certains étrangers » pour l’élimination de Mattei organisée par le mafioso Giuseppe Di Cristina. Ces déclarations ont déclenché de nouvelles enquêtes.
En 1994, l’enquête sur la mort de Mattei a été rouverte. Selon certaines spéculations, le détonateur d’un engin explosif aurait été déclenché par le mécanisme du train d’atterrissage. En 1997, des analyses du professeur Firrao de l’École polytechnique de Turin ont permis de découvrir des traces d’explosifs. En se basant sur ces nouvelles preuves, l’affaire a été reclassée par la justice en homicide volontaire, mais sans être en mesure de préciser l’identité des coupables. Selon un documentaire télévisé de Bernhard Pletschinger et Claus Bredenbrock diffusé en 2001, les preuves d’une origine criminelle du crash ont immédiatement été détruites sur le site de l’accident. Des éléments de l’avion auraient été dissous avec de l’acide.

Autres disparitions liées
Dans la nuit du 1er au 2 novembre 1975, sur la plage d'Ostie, près de Rome, le journaliste-écrivain, Pier Paolo Pasolini est tué à coups de bâton puis écrasé par sa propre voiture, une Alfa Romeo Giulia GT25. Des théories suggèrent que la mort de Pier Paolo Pasolini, serait liée à son roman Pétrole, où il dévoilait les coulisses de la mort d'Enrico Mattei, qui aurait pu être assassiné sur l'ordre de son successeur Eugenio Cefis, (ce que Pasolini aurait raconté dans le chapitre « Lumières sur l'ENI » du roman, qui n'a soit jamais été écrit, soit jamais retrouvé).
En préparant son film L'Affaire Mattei en 1970, Francesco Rosi a demandé au journaliste Mauro De Mauro d’enquêter sur les derniers jours de Mattei en Sicile. De Mauro a obtenu une cassette audio de son dernier discours et a passé plusieurs jours à l’étudier. De Mauro a disparu huit jours après avoir mis la main sur cette cassette, le 16 septembre 1970, sans laisser une trace. Son corps n’a jamais été découvert.

Article complet surhttps://fr.wikipedia.org/wiki/Enrico_Mattei
Pour en savoir plushttps://journals.openedition.org/mefrim/565





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